Advenis, la voie des bâtisseurs by Bastien Pantalé

Advenis, la voie des bâtisseurs by Bastien Pantalé

Auteur:Bastien Pantalé [Pantalé, Bastien]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
ISBN: 9791094521472
Éditeur: L'Intemporel
Publié: 2021-04-29T22:00:00+00:00


Avant que le mur de sable ne s’abatte sur le palais, un épervier sorti de nulle part vint se percher sur le sceptre de la reine. Il se regarda dans l’or miroitant, son oeil rond, curieux et inflexible s’étonnant sans doute de sa propre image, puis lâcha deux cris longs et aigus en fixant le masque censé le représenter. Comme une interpellation. Le couple royal admira l’oiseau de proie, son plumage et son étonnante familiarité tout le temps qu’il leur permit. La mémoire eidétique de Scirel lui fit reconnaître l’animal d’Alqarab. Celui-ci s’envola dans une énième bourrasque.

Les servants et la garde se hâtèrent de faire rentrer les souverains et leurs invités. Les cloisons furent tirées dans des gestes traduisant l’habitude et la lassitude. Le marbre blanc de la galerie aux mille colonnes opta alors pour une teinte grisâtre ; un autre visage du palais. Le vent ébranla les murs, les corps et les certitudes. Un souffle pareil redonnait leur humilité aux plus divins des humains. Le palais et la colline tout entière tremblèrent longuement. Du sable s’engouffra en quantité par les interstices. Sec, d’un jaune intense, comme les épices du marché d’antan. Il apportait même avec lui les odeurs du désert. Les balayeurs étaient prêts à intervenir, dès que la tempête relâcherait son étreinte.

Une paire d’heures plus tard, lorsque les cloisons furent rouvertes, la reine épervier et le roi chacal eurent la surprise de voir les allées des jardins envahies de silhouettes étrangères. Les élus, eux, s’y étaient attendus. Étrangères, pas tant que ça, puisque dans leurs vêtements et leurs postures résonnait quelque chose de très familier ; lointain, mais familier, bien ancré dans l’histoire des Perâahems. Le dernier rideau de sable humide finissait de pleuvoir et les keffiehs jusque-là dissimulés se détachèrent sur la végétation des bordures. Sur le pourtour des bassins, des dizaines de nomades, ceux que leurs anciens maîtres avaient oubliés, remettaient enfin les pieds dans leur ancienne demeure. À peine remis des visions offertes par le cordelier, les souverains ne réalisaient pas vraiment.

La garde royale se déploya en rempart devant le couple, lances tendues, sabres au fourreau. Si, visiblement, la famille régnante semblait avoir oublié son histoire ainsi que les assassins intraitables qui, jadis, les avaient protégés, les prêtres en avaient heureusement conservé des traces écrites. Avant que le capitaine ne sonne la charge, le premier des trois prêtres s’interposa.

— N’y pensez même pas ! Ma reine, mon roi, vos soldats seraient mis en pièces.

Il fallut un moment aux monarques pour intégrer qui étaient vraiment ces étranges visiteurs. Concernant leur dangerosité, ils pouvaient se fier à leur conseiller. Ces siècles de séparation avaient très certainement creusé un fossé entre eux, ainsi qu’une animosité compréhensible, mais s’ils s’étaient donné la peine de venir jusqu’ici, ce n’était probablement pas pour les exécuter et hériter d’un royaume englouti. Après avoir assisté aux embrassades entre les cinq étrangers et les guerriers sabùls, la reine ne prêta plus guère attention aux paroles du prêtre et dépassa la ligne de ses gardes. Un silence instantané occupa les jardins.



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